Du 4 décembre 2005 au 19 février 2006, What Now, exposition collective avec Phil Collins, Jeremy Deller, Emma Kay, Scott King, Hew Locke, Vinca Petersen, Peter Saville, Gavin Turk, sur un commissariat d'Hilde Teerlinck.

L'exposition Et maintenant que j'ai organisé pour le CRAC Alsace met l'accent sur deux aspects spécifiques de l'art contemporain anglais.
D'un côté, j'ai voulu illustrer l'influence de la musique sur le travail des artistes visuels; de l'autre, je me suis efforcée de donner quelques exemples de certains artistes qui ont une double carrière en tant que graphistes. Selon moi, ces positions croisées sont caractéristiques des artistes d'aujourd'hui.

La pièce emblématique de Jeremy Deller, The History of the World, un dessin mural montrant tous les liens et connexions possibles entre groupes technos et fanfares, où se cotaient culture élitiste et populaire, musique électronique et musique folk, est un excellent exemple. Son autre pièce, William Elliot Whitmore Live at Melancholy Ranch, consiste en une édition limitée de disques 45 tours racontant la relation de l'artiste avec William Elliot Whitmore, figure culte de la musique punk britannique, transformé en chanteur nostalgique de country.

La musique est aussi un élément fondamental du travail de Vinca Petersen. Elle appartient à une génération d'artistes, qui ont décidé d'être des "voyageurs", des nomades contemporains, traversant sans cesse les frontières. Son style de vie s'exprime clairement dans les photographies qu'elle prend au cours de ses voyages et, comme chez Deller, ses expériences personnelles sont étroitement liées à ses créations.

Gavin Turk, renommé depuis qu'il s'est représenté lui-même en Sid Vicious (personnage en cire à la manière de Madame Tussaud's), est un autre exemple. Prenant comme point de départ l'humour anglais (proche des Monty Python ou même de Benny Hill), il parvient à créer un remix captivant, en combinant ces références à nos bien-aimés Beuys, Warhol, Magritte, ou à des icônes politiques comme Che Guevara.

Personnellement, je pense que ça doit être un drame de grandir en portant le nom de Phil Collins, même si c'est votre vrai nom, un peu comme si vous étiez Michael Jackson et que vous ayez à subir constamment toutes sortes de mauvaises plaisanteries. Phil prend sa revanche avec élégance et intelligence dans des œuvres explorant les relations que les gens établissent avec leurs idoles. La vidéo présentée par le CRAC analyse le culte entourant Morissey, le chanteur gay de The Smiths.

Hew Locke emprunte des chemins similaires. Son œuvre créée pour le hall d'entrée de notre centre d'art pourrait aisément être qualifiée de politiquement incorrecte. Pourtant, c'est un commentaire doux-amer sur la société britannique, qui rappelle la célèbre couverture de God Save The Queen des Sex Pistols.

Peter Saville a contribué à l'exposition avec ce que j'appellerais volontiers un euphémisme, une intention très précise d'après la maxime de Mies van der Rohe: "Less is more".

Emma Kay a une approche similaire. Toutes les informations contenues dans ses œuvres, très délicates et minutieuses, résident dans leurs formes minimales.

Scott King (qui a accepté de participer à l'élaboration de ce catalogue) peut être considéré comme l'une des figures clés de l'exposition. Une grande partie de ses œuvres révèle une analyse approfondie de l'industrie de la musique et aussi de la conception graphique contemporaine.

Chaque artiste a été invité à créer pour ce catalogue des pages illustrant ses visions personnelles, tandis que les critiques d'art Vincent Pécoil et Michèle Robecchi ont eu la possibilité d'apporter, par leurs commentaires, leur propre contribution à cette publication.

—Hilde Teerlinck

What now a reçu le soutien du British Council.